Dans un monde du travail en pleine mutation, Floriane COMBE ouvre la voie à une nouvelle approche de l’exercice professionnel du psychomotricien tournée vers la santé globale des professionnels en entreprise. Entre posture corporelle, gestion du stress et communication interpersonnelle, elle nous raconte comment elle a su faire sa place dans un univers encore peu familier du métier de psychomotricien.
Diplômée de l’IFP de Lille, Floriane COMBE découvre sa vocation de psychomotricienne grâce à un bilan d’orientation post-bac. Très tôt, elle est attirée par la richesse des médiations, la diversité des champs d’action et la dimension humaine du métier. Durant ses premières années de pratique, elle exerce en institut médico-éducatif (IME, IMPro) et en hôpital de jour pédiatrique, auprès d’enfants et adolescents en situation de handicap, notamment porteurs de troubles du spectre autistique et de polyhandicaps.
Au fil de son parcours, l’envie d’exercer autrement se fait sentir. De retour à Toulouse, elle tente d’associer un exercice libéral à mi-temps à un poste salarié. Face aux difficultés rencontrées pour trouver une structure correspondant à ses valeurs, elle choisit de se réinventer. Confrontée, dans son entourage proche, à de nombreux jeunes actifs en situation de mal-être (stress, burn-out, douleurs physiques chroniques), elle prend conscience du manque d’ancrage corporel dans le monde de l’entreprise. Floriane intervient également en écoles de management, où elle forme les futurs managers à l’écoute active, à la conscience corporelle et à la gestion émotionnelle — des compétences fondamentales pour un leadership humain et durable.
En 2021, elle commence à poser les bases d’un projet innovant : proposer un exercice professionnel du métier de psychomotricien adapté au monde du travail. Avec peu de connaissances entrepreneuriales initiales, elle s’entoure, se documente, expérimente. Accompagnée par France Travail pour la structuration de son activité, elle réalise un stage en équipe commerciale pour élargir son champ de compétences : gestion de projet, techniques de communication, animation de groupe… autant d’outils qu’elle utilise aujourd’hui dans ses interventions.
Depuis 2023, elle déploie pleinement son activité dans des entreprises de toutes tailles. Sa pratique repose sur trois piliers :
Les formats sont flexibles, allant d’une demi-journée à plusieurs jours. La temporalité est souvent longue : entre la première rencontre et la mise en œuvre, il peut s’écouler plusieurs mois.
Elle intervient auprès de différents publics, de l’agent administratif au cadre dirigeant. Chaque intervention est sur-mesure, souvent précédée d’un audit qu’elle conçoit comme un bilan psychomoteur adapté à l’environnement professionnel : grilles d’observation sensorielle, questionnaires issus des recommandations de l’INRS[1] et de l’ANACT[2], échelles visuelles analogiques… Elle élabore ensuite un plan d’action individualisé, comparable à un projet thérapeutique, qu’elle adapte aux modalités organisationnelles de l’entreprise (ateliers ponctuels, cycles de formation, coaching individuel…).
Au-delà des outils, Floriane défend la plus-value humaine du psychomotricien : sa capacité d’adaptation, son regard global sur le lien corps-esprit et sa posture de médiateur entre bien-être et performance. Elle souligne la nécessité d’utiliser un vocabulaire intelligible pour le monde du travail, en s’éloignant parfois du jargon psychomoteur pour mieux se faire entendre.
« En entreprise, l’exercice du psychomotricien permet de reconnecter les professionnels à leur corps, à leurs émotions et à leur environnement de travail, pour une performance plus saine et plus humaine ».
Elle encourage les étudiants à se renseigner sur la réalité du terrain et à multiplier les expériences. Ainsi qu’à ne pas négliger les aspects extra-cliniques du métier : gestion administrative, communication, posture entrepreneuriale.
Son parcours témoigne d’une profession en constante évolution, capable de s’adapter aux enjeux contemporains tout en restant fidèle à ses fondements.
Références bibliographiques conseillées :
[1] INRS : Institut National de Recherche et de Sécurité
[2] ANACT : Agence Nationale pour l’Amélioration des Conditions de Travail